YOSHIDA Hiroshi, un artiste indépendant
Pour consulter les billets du blog précédent, cliquer sur le bouton ci-dessus
Aujourd'hui je suis allée au Nagoya Boston Museum of Fine Arts, voir une exposition de 86 impressions sur bois (en japonais, moku-han-ga 木版画) de YOSHIDA Hiroshi, sous-titrée 'Nostalgic Utopia', l'intitulé de la 5ème partie du parcours et en japonais jojô-no-fûkei, 抒情の風景, ou 'paysage lyrique'.
Car YOSHIDA Hiroshi est connu pour sa maîtrise du paysage dans le domaine artistique auquel il a consacré sa vie à partir de l'âge de 40 ans, l'estampe sur bois.
YOSHIDA Hiroshi est né UEDA Hiroshi en 1876 à Kurume, dans l'île de Kyûshû.
Issu d'une famille de samouraï, il déménage à l'âge de 11 ans à Fukuoka. Au collège, il est remarqué par son professeur d'arts plastiques qui l'adopte, lui donnant son patronyme et dirigeant son éducation artistique en l'envoyant tout d'abord à Kyôto. Sous l'influence d'une rencontre avec un prodige de l'aquarelle, MIYAKE Katsumi, YOSHIDA Hiroshi décide ensuite d'aller poursuivre ses études à Tôkyô, dans une école privée, l'institution Fudôsha, fondée par KODAMA Shôtarô et spécialisée dans la peinture de style occidental, 'yôga' (en japonais 洋画) en vogue depuis l'instauration de l'ère Meiji .
YOSHIDA Hiroshi réalise donc des oeuvres à l'aquarelle et à l'huile grâce auxquelles il obtient une certaine notoriété . En 1899 il se lance dans son premier voyage à l'étranger: il part pour les Etats-Unis avec nombre de ses peintures selon les conseils de MIYAKE qui, lui-même avait fait un tel voyage et vendu de nombreuses oeuvres. YOSHIDA, accompagné par un camarade réussit à participer à quelques expositions en particulier à Boston.
Ce premier contact direct avec un territoire et des artistes étrangers confortera YOSHIDA dans la certitude qu'il possède une grande originalité et construira sa détermination à la développper.
Il y aura gagné également un grand appétit des voyages aussi bien à l'étranger qu'au Japon comme le décrit le dépliant de l'exposition.
Au Japon YOSHIDA Hiroshi devient reconnu, dans les premières années du 20ème siècle, comme un des artistes de style occidental les plus talentueux. Il est membre de plusieurs groupes qui organisent des expositions; il y occupe également la position de juge et arbitre.
Puis graduellement, dans les années 1920, après la publication de sa première estampe sur bois, il va se détacher de ses activités de peintre et se consacrer entièrement à la production d'estampes dans la nouvelle ligne du 'shin-hanga' (新版画), héritière de l'ukiyo-e mais différente en ceci que les artistes de cette mouvance tiennent à maîtriser entièrement la production de leurs oeuvres, de l'esquisse sur papier à l'impression en passant par la gravure des multiples épreuves sur bois, alors que l'oeuvre d'ukiyo-e est un travail collaboratif dans lequel chaque artiste n'exerce qu'une spécialité.
Contrairement à l'époque de sa carrière de peintre, YOSHIDA ne fera partie d'aucun groupe ou mouvance particulière dans le monde des 'han-ga-ka', ce qui lui permettra de travailler librement et de fonder son propre studio.
Jusqu'à sa mort en 1950, YOSHIDA va produire presque 260 estampes qui possèdent des caractéristiques reconnaissables entre toutes, les plus importantes étant:
ses talents de dessinateur dans l'observation directe de la nature et de l'évolution de la lumière sur site; l'extrême finesse de réalisation car YOSHIDA contrairement à la plupart de ses pairs n'hésitait pas à muliplier le nombre de planches et de passages de la couleur. Une de ces oeuvres ne compte pas moins de 96 passages! Le résultat se lit dans la beauté des couleurs; on y décèle tout ses talents de peintre aquarelliste.
YOSHIDA croquait ses paysages en y passant des journées, et même des semaines ou des mois entiers pour capturer les changements de lumière et de perspective. Il a produit de magnifiques séries avec le Mont Fuji et son travail des terrains aquatiques est époustouflant.
YOSHIDA a voyagé extensivement au Japon:
Et on reste sans voix devant ses souvenirs de voyages aux Etats-Unis, en Europe, en Inde, en Chine, Corée etc.....je vous conseille vivement d'aller admirer cet artiste si vous en avez l'occasion.
Quelques petites remarques concernant l'exposition de Nagoya, pour les visiteurs qui ne parlent pas japonais et voudraient aller la voir.
On ne peut prendre AUCUNE photo (les illustrations de cet article ont été trouvées sur le net).
A part la liste en anglais des titres des oeuvres, les panneaux explicatifs, le dépliant etc.... ne sont malheureusement qu'en japonais.
Il y avait beaucoup de monde en ce vendredi matin et des traces d'affluences passées avec des panneaux indiquant une attente de 20mns au bas de l'escalier roulant! Soyez prêts à patienter.
Au magasin du musée il n'y avait que 3 cartes postales de l'exposition. Dommage.
Enfin, le catalogue le plus cher (6000 yens), catalogue qui regroupe toutes les oeuvres d'impression sur bois de YOSHIDA Hiroshi et pas seulement la partie exposée cette fois-ci, date de 1987, mais a été réimprimé pour l'occasion en 2016. La qualité des photos est plutôt médiocre. Mais il comprend un certain nombre d'articles très complets en japonais et anglais qui retraçent la biographie et la carrière de l'artiste.
Commenter cet article